Qu’est-ce que la vraie vie ?

Question : Qu’est-ce que la vraie vie ?

Krishnamurti : « Qu’est-ce que la vraie vie ? » La question est posée par un petit garçon. Jouer, bien manger, courir, sauter, pousser ses camarades – c’est cela la vraie vie, pour lui. Voyez-vous nous scindons la vie en deux : la vraie vie, et la fausse.

La vraie vie consiste à faire ce que vous aimez, en y impliquant tout votre être, pour qu’il n’y ait aucune contradiction interne, pas de guerre entre ce que vous faites et ce que vous croyez devoir faire. La vie est alors un processus parfaitement intégré, source d’une formidable joie. Mais cela n’est possible que lorsque, psychologiquement, vous ne dépendez de personne ni d’aucune société, lorsque le détachement intérieur est total, car c’est seulement alors qu’il vous est possible d’aimer vraiment ce que vous faites.

Si vous êtes en état de révolution totale, peu importe que vous fassiez du jardinage, que vous deveniez Premier ministre, ou que vous fassiez autre chose : vous aimerez ce que vous faites, et cet amour est source d’un sentiment extraordinaire de créativité.

Espoir et désobéissance

La militante écoféministe Vandana Shiva est l’invitée du 68e épisode de La Poudre. Avec Lauren Bastide, elles ont parlé de garder espoir, d’enlever les arbres et désobéir. 

Vandana Shiva mène depuis près de cinquante ans des combats écologistes et féministes dans le monde. Malgré cette lutte de longue haleine, elle est aussi l’une de celle qui porte le plus la notion d’espoir dans ses discours et ses écrits (02:45). Un espoir qu’elle ne cesse d’affirmer comme essentiel pour éviter le défaitisme : il faut combattre le fatalisme et se servir du temps qu’il reste pour agir, non pour fuir et abandonner la planète (03:29). Née le 5 novembre 1952 à Dehradun (Inde), elle fait des études de physique et de philosophie des sciences, en Inde puis au Canada. Après avoir œuvré contre la construction de gigantesques barrages, ou encore avec le mouvement Chipko (31:16) pour la préservation des forêts dans son pays d’origine, elle agit depuis de nombreuses années pour conserver l’autonomie des paysans sur l’utilisation des semences en se positionnant contre le brevetage des graines (14:17). Elle rappelle ainsi l’importance de garder du recul par rapport aux « avancées technologiques » (11:11) qui doivent rester des outils et donc pouvoir être remis en question. Lorsque cette remise en question n’est plus possible, ou détournée sous couvert de discours paternalistes, elle révèle le néocolonialisme véhiculé par les multinationales de l’agroalimentaire, qu’elle dénonce sans relâche. Si Vandana Shiva porte un combat écologiste, elle s’inscrit aussi dans les luttes féministes, démontrant les liens profonds entre ces problématiques. Elle a d’ailleurs reçu le prix Nobel alternatif en 1993 pour ces engagements conjoints. Elle revendique la valeur des savoirs réputés « féminins » de soin et de sens de la communauté pour servir de guide dans la transition qu’il faut aujourd’hui entreprendre (22:26). Pour cela, l’activiste rappelle aussi le pouvoir de la désobéissance civile, un outil militant utilisé notamment par Extinction Rebellion ces derniers temps (33:24). De son côté, elle ne baisse pas les bras et continue à inspirer les militant·e·s écoféministes à travers le monde.